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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/230

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quittèrent et il courut vers elle. Quand il s’approcha, elle tomba sur sa poitrine en sanglotant. Elle ne pouvait relever la tête et l’appuyait contre les brandebourgs froids de son uniforme.

Denissov, que personne n’avait remarqué, était dans la chambre et en les voyant ainsi se frottait les yeux.

— Vassili Denissov, un ami de votre fils — dit-il en se présentant au comte qui le regardait d’un air interrogateur.

— Ah ! soyez le bienvenu, je sais, je sais, dit le comte en enlaçant et embrassant Denissov. Nicolas nous a écrit… Natacha, Véra, c’est lui, Denissov.

Les mêmes visages heureux, enthousiastes, se tournèrent vers la personne ébouriffée de Denissov et l’entourèrent.

— Cher Denissov ! cria Natacha qui d’enthousiasme perdait conscience.

Elle sauta vers lui, et l’embrassa.

Tous étaient confus de l’acte de Natacha. Denissov rougit aussi, puis prenant en souriant la main de Natacha, il la baisa. On conduisit Denissov dans la chambre préparée pour lui et tous les Rostov se réunirent dans le divan autour de Nicolas.

La vieille comtesse, sans lâcher sa main qu’elle baisait à chaque instant, s’assit près lui ; les autres, groupés autour de lui, attrapaient chaque