Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/243

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tement, toute l’orangerie ; qu’il enveloppe dans du feutre, que deux cents plantes soient ici pour vendredi.

Après avoir donné encore divers ordres, il voulut partir se reposer chez la comtesse, mais il se rappela encore quelque chose de nécessaire, fit appeler le chef cuisinier et le maître d’hôtel et, de nouveau, se mit à donner des ordres.

On entendit derrière la porte l’allure légère d’un homme, un cliquetis d’éperons, et le jeune comte, joli, frais, avec une petite moustache naissante parut. Il était visible qu’il se reposait et se jetait dans la vie oisive de Moscou.

— Ah mon cher, la tête m’en tourne ! dit le vieux en souriant, et honteux devant son fils. — Si tu m’aidais au moins ! Il faut encore des chanteurs, des musiciens. Nous en avons chez nous, mais il faudrait peut-être appeler des tziganes ? vous les militaires, vous aimez cela.

— Vraiment, père, je pense que Bagration, quand il se préparait à la bataille de Schœngraben, était moins affairé que vous aujourd’hui, dit le jeune homme en souriant.

Le vieux comte feignait d’être froissé.

— Oui, raconte ; essaie toi-même !

Et il s’adressa au cuisinier qui, avec un visage intelligent et respectueux, observait et regardait tendrement le père et le fils.

— Voilà la jeunesse d’aujourd’hui, Théoc-