Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/245

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nous aurons toutes ses serres. En outre j’ai besoin de le voir. Il m’a envoyé une lettre de la part de Boris. Grâce à Dieu, Boris est maintenant attaché à l’état-major.

Le comte, heureux qu’Anna Mikhaïlovna prît part à ses préparatifs, donna l’ordre d’atteler pour elle la petite voiture.

— Dites à Bezoukhov qu’il vienne. Je l’inscrirai. Viendra-t-il avec sa femme ?

Anna Mikhaïlovna leva les yeux et une douleur profonde s’exprima sur son visage.

— Ah ! mon ami, il est très malheureux ! dit-elle. Si ce qu’on dit est vrai, c’est horrible ! Et penser que nous nous étions tant réjouis de son bonheur ! Et une âme si supérieure, si céleste, ce jeune Bezoukhov ! Oui, je le plains de toute mon âme et dans la mesure de mes moyens, je tâcherai de le consoler.

— Mais qu’y a-t-il donc ? demandèrent le vieux et le jeune Rostov.

Anna Mikhaïlovna soupira profondément.

— Dolokhov… le fils de Maria Ivanovna l’a, dit-on, tout à fait compromise, prononça-t-elle d’une voix mystérieuse. Elle l’a protégé, l’a invité dans sa maison de Pétersbourg et voilà… Elle est arrivée ici et ce polisson lui a fait la cour, — dit Anna Mikhaïlovna désirant exprimer sa compassion pour Pierre ; mais par des intonations involontaires et un demi-sourire, elle compatissait sur-