Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/290

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le désir de Lise et du prince André, on avait fait mander à Moscou un médecin accoucheur, et on l’attendait d’un moment à l’autre).

— Ce n’est rien, princesse, ne vous inquiétez pas, sans médecin tout ira bien — fit Marie Bogdanovna.

Cinq minutes après, la princesse entendit de sa chambre qu’on traînait quelque chose de lourd. Elle regarda et vit que des valets portaient dans la chambre à coucher le divan de cuir du cabinet du prince André ! Le visage des hommes qui le portaient avait quelque chose de solennel et de calme.

La princesse Marie, assise seule dans sa chambre, écoutait les bruits de la maison. De temps en temps, quand on passait devant sa porte, elle l’ouvrait et suivait tout ce qui se faisait dans le corridor.

Quelques femmes passaient ça et là d’un pas léger ; elles regardaient la princesse et se détournaient d’elle. Elle n’osait pas interroger, refermait sa porte et retournait chez elle. Tantôt elle s’asseyait sur une chaise, tantôt elle prenait un livre de prières, tantôt s’agenouillait devant les icônes. À son chagrin et à son étonnement, elle constatait que la prière ne calmait pas son émotion. Tout à coup la porte de sa chambre s’ouvrit doucement, et sur le seuil parut une vieille bonne, enveloppée d’un châle, Prascovia Savichna, qui, sur la défense