Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/309

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mour de la maison, mais en outre, il observa le trouble étrange qui régnait parmi quelques membres de la société.

Sonia, Dolokhov, la vieille Comtesse et un peu Natacha, étaient particulièrement troublés. Nicolas comprit que quelque chose avait dû arriver avant le dîner entre Sonia et Dolokhov, et, avec la délicatesse de cœur qui lui était propre, il fut très tendre et très délicat dans ses rapports avec tous deux, durant tout le dîner. Le même soir, il devait y avoir chez M. Ioguel (le maître de danse) un des bals qu’il donnait pendant les fêtes pour ses élèves des deux sexes.

— Nikolenka, iras-tu chez Ioguel ? Je t’en prie, viens, il t’a invité particulièrement et Vassili Dmitrich (c’était Denissov) viendra aussi, dit Natacha.

— Où n’i’ais-je pas sur l’o’d’e de la comtesse — dit Denissov, qui, en plaisantant, se mettait dans la maison de Rostov sur le pied de cavalier de Natacha. — je suis p’êt à danser le pas de chale.

— Si je peux ! J’ai promis aux Arkharov. Ils donnent une soirée, — dit Nicolas. — Et toi ? demanda-t-il à Dolokhov ; et dès qu’il eut prononcé ces mots il remarqua qu’il n’aurait pas dû les dire.

— Oui, peut-être… — répondit froidement et méchamment Dolokhov, en regardant Sonia ; puis, fronçant les sourcils, de ce même regard qu’il avait eu pendant le dîner au club en regardant Pierre, de nouveau il regarda Nicolas.