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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/317

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— S’il vous plaît, Vassili Dmitritch. Allons, je vous en prie, disait Natacha.

— Mais non, laissez-moi, comtesse, — iui répondait Denissov.

— Allons, vraiment, Vassia, dit Nicolas.

— Je chanterai pour vous toute une soirée, — dit Natacha.

— Magicienne. Elle fe’a de moi tout ce qu’elle voud’a ! — dit Denissov ; et il déboucla son sabre.

Il sortit derrière les chaises, prit fortement les mains de sa cavalière, leva la tête, écarta la jambe en attendant la mesure. Quand Denissov était à cheval ou dansait la mazurka on ne remarquait pas sa petite taille ; il offrait cet aspect martial dont lui-même avait conscience. En attendant la mesure, il regarda sa cavalière de côté, l’air victorieux et plaisant. Tout à fait à l’improviste, il frappa un pied après l’autre et, comme une balle, bondit du parquet et vola le long du cercle en entraînant sa cavalière. Se faisant à peine entendre il parcourut d’une jambe la moitié de la salle et, semblant ne pas voir les chaises qui étaient devant lui, il s’élancait droit vers elles. Mais tout d’un coup, en claquant les éperons et écartant les jambes, il s’arrêtait sur les talons, y restait une seconde, frappait sur la même place avec un bruit d’éperons, et tournait rapidement, puis, rapprochant la jambe gauche de la droite, de nouveau il s’élancait dans le cercle. Natacha devinait ce qu’il avait