Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/342

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— Non, il ne faut pas, je le plains tellement. Il est si charmant.

— Alors, accepte sa proposition. C’est vrai qu’il est temps de te marier, — dit malicieusement la mère.

— Moi, maman ?… Il me fait tant de peine, je ne sais pas comment je le dirai.

— Mais tu n’as rien à dire, je le dirai moi-même, fit la comtesse fâchée qu’il eût osé traiter en grande personne cette petite Natacha.

— Non, jamais. Je le dirai moi-même et vous écouterez près de la porte. Natacha courut à travers le salon, dans la salle où sur la même chaise, près du clavecin, Denissov se tenait assis, la tête cachée dans les mains. À ses pas légers, il bondit.

— Natalie ! Décidez mon so’t. Il est ent’e vos mains ! — prononça-t-il en s’approchant d’elle à pas rapides.

— Vassili Dmitrievitch, je vous plains tant. Non… mais vous êtes si bon… Mais il ne faut pas… cela… Mais, comme ça, je vous aimerai toujours.

Denissov s’inclina sur sa main et elle entendit un son étrange, incompréhensible pour elle. Elle baisa sa tête noire, bourrue et bouclée. À ce moment on entendit le frou-frou rapide de la robe de la comtesse. Elle s’approcha d’eux :

— Vassili Dmitrievitch, je vous remercie de l’honneur, — dit la comtesse d’une voix confuse,