Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/358

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intelligent, instruit, monsieur ; qu’avez-vous fait de tous ces biens qui vous étaient donnés ? Êtes-vous content de vous et de votre vie ?

— Non, je hais ma vie, dit Pierre en se renfrognant.

— Tu la hais. Alors change-la. Purifie-toi et à mesure de ta purification tu connaîtras la sagesse. Examinez votre vie, monsieur. Comment l’avez-vous passée ? Dans les orgies et la dépravation ; recevant tout de la société et ne lui rendant rien. Vous avez reçu la fortune, comment l’avez-vous employée. Qu’avez-vous fait pour votre prochain ? Avez-vous pensé aux dizaines de milliers d’êtres qui sont vos esclaves ; les avez-vous aidés physiquement et moralement ? Non. Vous avez profité de leur travail pour mener une vie débauchée. Voilà ce que vous avez fait. Avez-vous choisi une situation où vous puissiez être utile à votre prochain ? Non. Vous avez passé votre vie dans l’oisiveté. Ensuite vous vous êtes marié, monsieur, vous avez pris sur vous la responsabilité de guider une jeune femme, et qu’avez-vous fait ? Vous ne l’avez pas aidée, monsieur, à trouver la voie de la vérité, vous l’avez jetée dans l’abîme du mensonge et du malheur. Un homme vous a offensé et vous l’avez tué ; et vous dites que vous ne croyez pas en Dieu et que vous haïssez votre vie. À cela il n’y a rien d’étonnant, monsieur.

Après ces paroles, le maçon, comme s’il était