Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/364

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Pendant toute la route, Villarsky se tut. Aux questions de Pierre sur ce qu’il lui fallait faire et que répondre, Villarsky dit seulement que des frères plus autorisés que lui l’éprouveraient, et qu’il n’aurait qu’à dire la vérité.

Ayant franchi la porte cochère de la grande maison où siégeait la loge, après avoir gravi un escalier sombre, ils entrèrent dans une petite antichambre, non éclairée, où, sans être aidés par des domestiques, ils ôtèrent leurs pelisses. De là, ils pénétrèrent dans une autre chambre. Un homme, en costume étrange, se montra près de la porte. Villarsky alla à sa rencontre, lui parla tout bas, en français, et s’approcha d’une petite armoire où Pierre remarqua des costumes qu’il n’avait jamais vus. Villarsky prit dans l’armoire un mouchoir, en banda les yeux de Pierre, et en le nouant derrière la tête, engagea maladroitement dans le nœud une mèche de cheveux. Ensuite il attira Pierre vers lui, l’embrassa et, le prenant par la main, l’emmena quelque part. Pierre avait mal à cause des cheveux pris dans le nœud, et en faisant des grimaces, il souriait d’une honte suscitée par quelque chose. Son énorme personne, avec les bras ballants, la physionomie grimaçante et souriante, à pas hésitants, s’avançait timidement près de Villarsky.

Après avoir fait dix pas, Villarsky s’arrêta.

— Quoi qu’il vous arrive, dit-il, si vous êtes fer-