Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sion de sévérité disparut et le prince Vassili tira en bas la main de Pierre, le fit rasseoir et lui sourit tendrement.

— Eh bien, Lili ! dit-il aussitôt à sa fille, de ce ton négligent de caresse habituelle que les parents adoptent pour parler à leurs enfants, mais qui, chez le prince Vassili, n’était venu qu’à force d’imiter les autres parents. Et de nouveau il s’adressa à Pierre : Sergueï Kouzmitch de tous côtés, — prononça-t-il en déboutonnant le premier bouton de son gilet.

Pierre souriait, mais on voyait à son sourire qu’il comprenait que ce n’était pas l’anecdote de Sergueï Kouzmitch qui intéressait maintenant le prince Vassili ; et le prince Vassili sentit que Pierre comprenait cela. Il marmonna quelques mots et sortit. Il sembla même à Pierre que le prince Vassili était confus.

La confusion de ce vieil homme du monde toucha Pierre. Il se retourna vers Hélène, et elle aussi semblait confuse, et son regard disait : « Eh bien, c’est vous qui êtes coupable. »

« Il faut maintenant faire le saut, mais je ne peux pas, je ne peux pas, » pensa Pierre ; et de nouveau, il parla de choses indifférentes, de Sergueï Kouzmitch, et demanda en quoi consistait cette anecdote, car il ne l’avait pas entendue. Hélène répondit avec un sourire qu’elle n’en savait rien non plus.