Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/39

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Quand le prince Vassili entra au salon, la princesse parlait bas avec une dame âgée ; elle parlait de Pierre.

— Sans doute, c’est un parti très brillant, mais le bonheur, ma chère…

Les mariages se font dans les cieux, — répondit la dame âgée. Le prince Vassili, comme s’il n’entendait pas les dames, passa dans le coin reculé et s’assit sur le divan. Il fermait les yeux et semblait dormir. Sa tête se penchait, il se réveilla.

Aline, allez voir ce qu’ils font, dit-il à sa femme.

La princesse s’approcha de la porte, passa devant avec un air important et indifférent et jeta un coup d’œil dans le salon. Pierre et Hélène, assis à la même place, causaient :

— Toujours la même chose, dit-elle à son mari.

Le prince Vassili fronça les sourcils, fit une grimace du coin de la bouche, ses joues s’agitèrent avec une expression désagréable, grossière, et, se secouant, il se leva, dressa la tête et d’un pas décidé, passa devant les dames et entra dans le petit salon. À pas rapides, l’air joyeux, il s’approcha de Pierre. Le visage du prince était si extraordinairement solennel que Pierre, en le remarquant, se leva effrayé.

— Dieu soit loué ! dit-il. Ma femme m’a tout dit ! D’une main il enlaçait Pierre et de l’autre sa fille. — Mon ami, Lili, je suis très, très