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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/399

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pereur lui-même. Cette nouvelle activité qui s’ouvrait devant lui l’excitait et le fortifiait. Il était toujours en voyage dans les trois provinces à lui confiées, poussait ses obligations jusqu’au pédantisme, se montrait sévère jusqu’à la cruauté pour ses subordonnés, et voulait connaître par lui-même les moindres détails.

La princesse Marie avait cessé de prendre des leçons de mathématiques avec son père, et seulement quand son père était à la maison, elle venait le matin, dans son cabinet, accompagnée de la nourrice et du petit prince Nicolas (comme l’appelait son grand-père).

Le nourrisson Nicolas vivait avec sa nourrice et la vieille bonne Savichna, dans les appartements de la feue princesse, et la princesse Marie passait la plupart du temps dans la chambre d’enfant, en s’efforçant, autant qu’elle le pouvait, de tenir lieu de mère à son petit neveu.

Mademoiselle Bourienne semblait aussi aimer passionnément l’enfant, et souvent, la princesse Marie, en se privant, cédait à son amie le plaisir de bercer le petit ange (comme elle appelait son neveu), et de jouer avec lui.

Près de l’autel de l’église de Lissia-Gorï, une chapelle s’élevait sur la tombe de la petite princesse, et dans cette chapelle on avait fait placer un monument de marbre, envoyé d’Italie, qui représentait un ange, les ailes déployées, prêt à monter