Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/469

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— C’est du brigandage, monsieur, vous en répondrez, répéta l’officier d’infanterie en élevant la voix.

— Mais qu’est-ce que vous me voulez, hein ? — cria Denissov s’échauffant tout à coup. — C’est moi qui ’épond’ai et non pas vous, et ne bou’donnez pas ici pendant que vous êtes sain et sauf. Ma’che ! cria-t-il aux officiers.

— Bon ! Faire du brigandage, alors je vous montrerai… — cria sans avoir peur, le petit officier qui ne s’éloignait pas.

— Au diable ! Ma’che, et plus vite que ça, pendant que tu es sauf.

Et Denissov tourna son cheval vers l’officier.

— Bon ! bon ! prononça l’officier d’un ton menaçant ; et, tournant son cheval, il s’éloigna au trot en sautant sur sa selle.

— Un chien su’ une palissade ! un chien vivant su’ une palissade ! — cria Denissov derrière lui.

C’était la pire moquerie d’un cavalier à l’adresse d’un fantassin à cheval. Et, en éclatant de rire, Denissov s’approcha de Rostov.

— J’ai a’aché à l’infante’ie, j’ai a’aché le convoi par la fo’ce ! — dit-il. — Quoi ! les hommes ne peuvent pas c’ever de faim ?

Les chariots qui s’approchaient des hussards étaient destinés aux régiments d’infanterie, mais, ayant appris par Lavrouchka que ce convoi n’était pas escorté, Denissov avec les hussards, s’en