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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/468

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se souciait pas de savoir où était parti Denissov. Quand il eut chaud, il s’endormit dans son coin et ne sortit de la hutte qu’au soir. Denissov n’était pas encore de retour. La soirée était belle. Près de la hutte voisine, des officiers et un junker jouaient aux quilles avec des piquets enfoncés dans la terre humide et boueuse. Rostov se joignit à eux. Au milieu du jeu, les officiers aperçurent des chariots qui s’avancaient vers eux. Une quinzaine de hussards, sur des chevaux maigres, les suivaient. Les chariots, conduits par des hussards, s’approchaient du piquet, et une foule de hussards les entouraient.

— Eh bien, voilà, Denissov était toujours attristé, et l’approvisionnement arrive ! — dit Rostov.

— C’est vrai, dirent les officiers. Les soldats seront contents.

Denissov suivait à peu de distance, avec deux officiers d’infanterie à qui il causait. Rostov alla à sa rencontre.

— Je vous préviens, capitaine, — fit un officier de petite taille, maigre, visiblement fâché.

— Je vous ai déjà dit que je ne ’end’ai ’ien, répliqua Denissov.

— Vous en répondrez, capitaine ! C’est du pillage, d’accaparer les convois pour les siens ! Les nôtres n’ont pas mangé depuis deux jours.

— Et les miens n’ont pas mangé depuis deux semaines, répondit Denissov.