Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/472

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On banda Denissov et on le fit se coucher.

Le lendemain il s’éveilla gai et calme. Mais à midi, l’aide de camp du régiment entra dans la hutte, avec un visage sérieux et triste, exprimant le regret, il tendit un pli officiel au major Denissov, de la part du commandant du régiment. On lui posait des questions sur l’affaire de la veille.

L’aide de camp raconta que cette histoire pouvait prendre une très mauvaise tournure, qu’une commission d’enquête était nommée et qu’avec la sévérité actuelle pour le maraudage et l’indiscipline des troupes, dans le meilleur cas, l’affaire finirait par la dégradation.

Cette affaire, de la part des officiers offensés, se présentait sous l’aspect suivant : Après s’être emparé du convoi, le major Denissov s’était présenté ivre chez le chef de la manutention, et, sans aucune provocation de sa part, l’avait traité de voleur et menacé de ses coups ; puis il s’était précipité dans la chancellerie, avait battu deux fonctionnaires et cassé le bras à l’un d’eux.

Denissov répondit en riant aux nouvelles questions de Rostov qu’il croyait en effet qu’un tiers se trouvait là, mais que tout cela n’était que blague et sottise, qu’il n’avait peur d’aucun Conseil de guerre et que si des lâches osaient le toucher, il répondrait si bien qu’ils s’en souviendraient.

Denissov parlait de cette affaire d’un ton négligent, mais Rostov le connaissait trop bien pour ne