Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des séries de festins et de fêtes à cause des décorations et des récompenses obtenues pour la campagne, et une série de voyages de plaisir à Olmütz chez une Caroline hongroise qui venait d’ouvrir là-bas un restaurant avec un service de femmes. Rostov avait fêté récemment sa promotion de cornette et avait acheté Bédouin, le cheval de Denissov. Il devait beaucoup aux camarades et aux vivandiers. Dès qu’il reçut le billet de Boris, il partit à Olmütz avec un camarade. Il dîna là-bas, but une bouteille de vin et partit seul au camp de la garde, à la recherche de son camarade d’enfance. Rostov n’était pas encore équipé ; il avait un veston de junker usé, orné de la croix militaire, un pantalon à fond de cuir, et un sabre d’officier avec ceinturon. Il montait un cheval du Don, acheté pendant la campagne à un cosaque. Son shako de hussard, bosselé, était posé en arrière et de côté, crânement. En s’approchant du camp du régiment Izmaïlovsky, il pensait à l’étonnement qu’il allait causer à Boris et à tous ses camarades de la garde par son aspect martial de hussard qui a fait déjà des campagnes.

La garde avait fait toute la campagne comme une promenade, en faisant parade de sa belle tenue et de sa discipline. Les marches étaient très courtes, on menait les havresacs sur des charrettes, et à toutes les étapes les autorités autrichiennes offraient aux officiers de bons dîners. Les régi-