Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/172

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lui. Mais avec ce changement moral, il est physiquement très affaibli. Il a maigri, il est plus nerveux, je crains pour lui et je suis heureuse qu’il entreprenne ce voyage à l’étranger que les docteurs lui ont prescrit depuis longtemps. J’espère qu’il se rétablira.

» Vous m’écrivez qu’à Pétersbourg on parle de lui comme d’un des jeunes hommes les plus actifs, les plus instruits et intelligents. Pardonnez ma vanité de parente, je n’en avais jamais douté. On ne peut compter le bien qu’il a fait ici à tous, à commencer par ses paysans jusqu’aux gentilshommes. Il n’a trouvé à Petersbourg que ce qu’il méritait. Je m’étonne comment, en général, les bruits arrivent de Pétersbourg à Moscou et surtout des bruits si faux que ceux que vous m’écrivez : le mariage imaginaire de mon frère avec la petite Rostov. Je ne pense pas qu’André se remarie jamais et surtout pas avec elle, et voici pourquoi : Premièrement, je sais bien qu’il parle rarement de défunt sa femme, mais la douleur de cette perte est entrée trop profondément dans son cœur pour qu’il se décide jamais à lui donner une remplaçante et à donner une belle-mère à notre petit ange. Deuxièmement, parce que je sais que cette personne n’est pas de ces femmes qui peuvent plaire au prince André ; je ne pense pas que le prince André la choisisse pour femme et je vous avouerai franchement que je ne le désire pas. Mais je bavarde