Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/175

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délai d’une année, et voilà que six mois, la moitié du délai imposé, sont écoulés, et je suis plus ferme que jamais dans ma décision. Si les médecins ne me retenaient pas ici aux eaux, je serais en Russie, mais je dois ajourner mon retour encore pour trois mois. Tu me connais et tu sais mes relations avec mon père. Je n’ai besoin en rien de lui. Je fus et serai toujours indépendant, mais braver sa volonté, mériter sa colère quand, peut-être, il lui reste si peu à vivre avec nous, détruirait la moitié de mon bonheur. Je lui écris maintenant sur le même sujet, et je te demande, en choisissant un bon moment, de lui transmettre la lettre et de me dire comment il envisage tout cela et s’il y a quelque espoir qu’il consente à abréger de quatre mois le délai. »

Après de longues hésitations, de longs doutes, et de grandes prières, la princesse Marie transmit la lettre à son père.

Le lendemain, le vieux prince lui dit tranquillement :

— Écris à ton frère qu’il attende ma mort… Ce ne sera pas long. Bientôt je le débarrasserai…

La princesse voulut objecter quelque chose, son père ne le lui permit pas et se mit à élever la voix.

— Marie-toi, marie-toi, mon cher… Une belle parenté ! Des gens intelligents ! hein ! hein ? Riches ! hein ! Oui, une fameuse belle-mère pour Nikolouchka. Écris-lui qu’il se marie dès demain.