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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/253

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l’entrée de la demoiselle. « Que ferais-je d’eux ? pensa Natacha. Va, Nikita, va, je t’en prie… Où l’enverrai-je ?… Oui… Va à la cour et apporte-moi un coq, et toi, Micha, apporte-moi de l’avoine. »

— Pas beaucoup d’avoine ? dit Micha gaiement et très aimablement.

— Va, va plus vite, ordonna le vieux.

— Feodor, toi, apporte de la craie.

En passant devant l’office, elle commanda le samovar bien que ce ne fût pas du tout l’heure. Le maître d’hôtel, Phoca, était l’homme le plus bourru de toute la maison. Natacha aimait à essayer sur lui son pouvoir. Il ne la crut pas et alla voir si c’était vrai.

— Ah ! cette demoiselle ! dit Phoca en feignant de froncer les sourcils contre Natacha.

Personne à la maison ne dérangeait tant de gens et ne leur donnait tant de travail que Natacha. Elle ne pouvait pas voir quelqu’un sans l’envoyer quelque part. Elle avait l’air de vouloir essayer si l’on oserait se révolter contre elle. Mais tous exécutaient ses ordres avec plus de plaisir que n’importe quels autres.

— « Que ferai-je ? Où irai-je ? » pensait Natacha en marchant lentement dans le couloir.

— Nastasia Ivanovna ! quelle progéniture aurai-je ! demanda-t-elle au bouffon en camisole qui allait à sa rencontre.