Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/254

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— De toi ? des puces, des criquets, des sauterelles, répondit-il.

— « Mon Dieu, mon Dieu ! toujours la même chose. Et où irai-je ; que ferai-je ! »

Elle gravit rapidement l’escalier, chez Fogel, qui habitait là avec sa femme.

Deux gouvernantes étaient assises chez Fogel. Sur la table était placée une assiette avec des raisins secs, des noix, des amandes. Les gouvernantes parlaient des endroits où la vie est le meilleur marché ; était-ce à Odessa ou à Moscou ? Natacha s’assit, écouta leur conversation avec un visage pensif et sérieux et se leva. « L’Île Madagascar, » prononca-t-elle. « Ma-da-gas-car » répéta-t-elle en prononçant distinctement chaque syllabe et, sans répondre aux questions de madame Chausse, elle sortit de la chambre.

Pétia était aussi en haut avec son gouverneur, il préparait un feu d’artifice qu’il avait l’intention d’allumer le soir.

— Pétia ! Pétia ! lui cria-t-elle. Porte-moi en bas.

Pétia courut vers elle et lui tendit le dos. Elle sauta sur lui, enlaçant son cou avec ses bras, et lui, en sautillant, courut avec elle.

« Non, pas ça. Île Madagascar, » prononça-t-elle, et sautant de dessus lui, elle partit en bas.

Comme si elle parcourait son royaume et se convainquait que tous étaient soumis et que c’était