Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/358

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qui, le bras appuyé sur le dos de son fauteuil, la regardait. Natacha était ravie de le voir si charmé d’elle, et il ne lui venait pas en tête qu’il y eût en cela quelque chose de mauvais.

Quand le deuxième acte fut terminé, la comtesse Bezoukhov se leva, se tourna vers la loge des Rostov (sa poitrine était tout à fait nue), de sa main gantée fit signe au vieux comte et, sans faire attention à ceux qui entraient dans sa loge, en souriant gracieusement, elle se mit à lui parler.

— Mais présentez-moi donc vos charmantes filles, dit-elle, toute la ville parle d’elles et moi je ne les connais pas.

Natacha se leva et fit une révérence à la splendide comtesse. La louange de cette brillante belle était si agréable à Natacha, qu’elle en rougit de plaisir.

— Maintenant, je veux aussi devenir Moscovite, dit Hélène. Et comment n’avez-vous pas honte d’enfouir des perles pareilles à la campagne ?

La comtesse Bezoukhov avait à juste titre la réputation d’une femme aimable. Elle pouvait dire ce qu’elle ne pensait pas, et surtout flatter avec simplicité et naturel.

— Mon cher comte, vous me permettrez de m’occuper de vos filles, bien que, comme vous, je ne sois pas ici pour longtemps. Je tâcherai de les distraire. J’ai beaucoup entendu parler de vous à Pétersbourg, et je désirais vous connaître, dit-elle