Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/393

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— Je te dis que je n’ai plus de volonté. Comment ne comprends-tu pas ? Je l’aime !

— Ah ! je ne le permettrai pas ! Je vais le raconter, s’écria Sonia dont les larmes coulaient.

— Que dis-tu, au nom de Dieu ? Si tu le racontes, tu es mon ennemie, tu veux mon malheur, tu veux qu’on nous sépare…

Devant cette crainte de Natacha, Sonia versa des larmes de honte et de pitié pour son amie.

— Mais que s’est-il passé entre vous ? demanda-t-elle. Que t’a-t-il dit ? Pourquoi ne vient-il pas à la maison ?

Natacha ne répondit pas à ces questions.

— Au nom de Dieu, Sonia, ne le dis à personne, ne me fais pas souffrir ! Souviens-toi qu’on ne peut pas se mêler de choses pareilles. Je t’ai révélé…

— Mais pourquoi ce mystère ? Pourquoi ne vient-il pas à la maison ? Pourquoi ne demande-t-il pas ta main ? Le prince André t’a donné pleine liberté… Mais je ne le crois pas, Natacha. As-tu pensé quelles peuvent être les causes mystérieuses ?

Natacha regardait Sonia avec des yeux étonnés. Évidemment cette question se présentait à elle pour la première fois, et elle ne savait qu’y répondre.

— Quelles causes ? Je ne sais pas, mais il y a des causes.