Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/407

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Maintenant rends-moi un service. Avec quels chevaux es-tu venu ? Hein ?

— Comme vous avez daigné me l’ordonner, avec vos bêtes favorites, dit Balaga.

— Eh bien, écoute, Balaga, crève tes chevaux, mais arrive à trois heures, hein ?

— Si on les crève, avec quoi arriverons-nous ? fit Balaga en clignant des yeux.

— Ne plaisante pas ou je te casse la gueule ! cria tout à coup Anatole en ouvrant largement les yeux.

— Pourquoi plaisanter ? fit en souriant le cocher. Est-ce que je refuse quelque chose pour mes seigneurs ! Nous courrons aussi vite que les chevaux auront de force.

— Ah ! Eh bien ! Assieds-toi, dit Anatole.

— Eh bien ! Assieds-toi donc, répéta Dolokhov.

— Je puis rester debout, Fédor Ivanitch.

— Non, assieds-toi. Bois, dit Anatole en lui versant un grand verre de madère.

Les yeux du cocher s’allumèrent en voyant le vin. Il refusa, par politesse, mais but et s’essuya avec un mouchoir de soie rouge qu’il tenait dans son bonnet.

— Eh bien ! Votre Excellence, quand faut-il partir ?

— Mais voilà… Anatole regarda sa montre. Tout de suite. Souviens-toi bien, Balaga, tu réussiras ?

— Mais ça dépend de la route, si elle est bonne.