Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/69

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du temple : sept sciences, sept vertus, sept vices, sept dons du Saint-Esprit. Le frère O… était très éloquent. Le soir des initiations devaient avoir lieu. Le nouveau local facilite beaucoup la magnificence des cérémonies. C’est Boris Droubetzkoï qui a été admis. Je l’ai présenté et j’étais l’orateur. Un sentiment étrange m’émut tout le temps que je fus avec lui dans la chambre obscure ; je trouvai en moi un sentiment de haine envers lui, je m’efforçai en vain de la vaincre. C’est pourquoi je désirais franchement le sauver du mal et l’amener dans la voie de la vérité. Mais les mauvaises pensées à son égard ne me quittaient pas. Il me semblait que son but, en entrant dans la fraternité, était seulement de tâcher de se rapprocher de certaines gens, d’être en faveur près de ceux qui appartiennent à notre loge. Outre qu’il avait demandé plusieurs fois si N… et S… n’étaient pas dans notre loge (sur quoi je ne pouvais lui répondre), d’après mes observations il n’était pas capable d’éprouver du respect pour notre saint ordre : il est trop préoccupé et trop content de sa personne physique pour désirer améliorer son moi spirituel. Je n’avais pas de raisons pour douter de lui, mais il ne me paraissait pas sincère, et tout le temps que je fus avec lui en tête-à-tête, dans la chambre obscure, il me sembla qu’il souriait avec mépris à mes paroles, et je voulais percer réellement sa poitrine nue avec l’épée que je tenais appuyée