Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/78

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bourg, leur salon était mélangé et sans caractère. À Pétersbourg, ils étaient des provinciaux auxquels ne condescendaient pas ces mêmes gens que Rostov hébergeait à Moscou sans leur demander à quelle société ils appartenaient.

Les Rostov à Pétersbourg étaient hospitaliers comme à Moscou, et les personnes les plus diverses se réunissaient à leur table : des voisins de campagne, de vieux propriétaires sans fortune avec leurs filles, la demoiselle d’honneur Péronskaïa, Pierre Bezoukhov et le fils du chef de poste du district qui servait à Pétersbourg. Parmi les hommes, Boris, Pierre, que le vieux comte avait rencontré dans la rue et amené chez lui, et Berg, qui passait des journées entières chez les Rostov et montrait à la comtesse aînée Véra, des attentions que peut seul montrer un prétendant, devinrent très vite les familiers de la maison.

Ce n’est pas en vain que Berg montrait à tout le monde sa main droite blessée à Austerlitz et racontait qu’il avait tenu de la main gauche l’épée, qui lui était inutile. Il narrait cet événement avec tant de précision et de gravité, que tous croyaient à futilité et à l’importance de cet acte et que Berg reçut, pour Austerlitz, deux récompenses.

À la guerre de Finlande, il avait également réussi à se distinguer. Il avait ramassé l’éclat d’un obus qui avait tué l’aide de camp près du général en chef, et il l’avait porté à son chef. Comme après