Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol1.djvu/177

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Ainsi les Ivine, Étienne, tous ceux qui dansent, ne font pas le pas de Basques et Volodia a adopté la nouvelle manière. Ce n’est pas vilain !… Comme Sonitchka est charmante ! Ah ! elle danse… » J’étais parfaitement heureux.

La mazurka touchait à sa fin ; quelques personnes âgées s’approchèrent pour prendre congé de grand’mère et se retirèrent ; les laquais, en évitant les danseurs, portaient avec précaution les couverts, dans les pièces du fond ; grand’mère paraissait très fatiguée et ne parlait qu’à contre-cœur et d’un ton traînant ; languissamment, pour la trentième fois, les musiciens recommençaient le même motif. La grande demoiselle avec qui j’avais dansé, m’aperçut en faisant une figure, et, souriant perfidement, sans doute pour faire plaisir à grand’mère, amena près de moi Sonitchka et l’une des innombrables princesses.

Rose ou ortie, me demanda-t-elle.

— Ah ! tu es là ? — fit grand’mère en se retournant sur son fauteuil, — va donc, mon ami, va donc.

En ce moment j’avais plus envie de cacher ma tête sous le fauteuil de grand’mère, que de quitter ma place, mais comment refuser ? Je me levai, répondis rose et regardai timidement Sonitchka. Je n’avais pas réussi à me reconnaître, qu’une main gantée de blanc était dans la mienne et que la princesse se mettait en avant avec le sourire le