Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol1.djvu/191

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mimi, sous le prétexte que je suis souffrante, ne me l’a pas donnée de la journée. J’ai eu en effet un peu de fièvre, et je t’avouerai que depuis quatre jours je ne suis pas bien portante et garde le lit.

» Je t’en prie, cher ami, ne t’effraye pas, je me sens assez bien et si Ivan Vasiliévitch le permet, demain j’espère me lever.

» Vendredi de la semaine dernière, je suis allée me promener en voiture avec les enfants, mais juste à l’entrée de la grand’route, près du petit pont qui m’a toujours fait peur, les chevaux se sont jetés dans l’ornière. Le temps était superbe, et j’eus l’idée d’aller à pied jusqu’à la grand’route, pendant qu’on dégagerait la voiture. En arrivant à la chapelle, je me sentis très fatiguée et m’assis pour me reposer, et comme les hommes mirent près d’une demi-heure pour tirer la voiture, j’eus froid, surtout aux pieds, car j’avais des bottines à semelles minces et elles étaient mouillées. Après le dîner, je sentis des frissons de fièvre, mais je continuai à aller et venir, comme à l’habitude, et après le thé, je m’installai au piano, pour jouer à quatre mains avec Lubotchka. Tu ne la reconnaîtrais pas tant elle a fait de progrès !). Mais imagine-toi mon étonnement quand je m’aperçus que je ne pouvais pas compter la mesure. Je recommençai plusieurs fois, mais dans ma tête tout s’embrouillait, et des sons étranges bourdonnaient à mes oreilles. Je comptais : deux, trois, ensuite,