tant. Il est vrai que le flair artistique de l’auteur souligne souvent, avec une ironie amère, les diverses coutumes et les amusements des riches, et les institutions qu’on croit utiles et sacrées. Mais parfois l’auteur lui-même se laisse entraîner par ses descriptions, et entraîne avec lui le lecteur, et nous peint, sous des couleurs attrayantes, ce qu’ensuite il condamnera impitoyablement. Il faut remarquer dans ses récits militaires, par exemple, que le sentiment artistique de Tolstoï ne lui a pas permis, même dans cette période qui n’est pas complètement définie pour lui, de descendre au-dessous de l’objectivité ; ainsi, il ne dit nulle part que la guerre est un mal, mais en la décrivant, il reste jusqu’à tel point fidèle à la réalité, que le mal de la guerre ressort de lui-même.
Les œuvres de la deuxième période sont, premièrement, la critique sévère, énergique, de l’ordre de choses actuel, et, deuxièmement, l’exposé, sous forme de sermon, d’un idéal positif de perfection ; et cette conception parfaite du monde se reflète dans les types artistiques qu’il dépeint pendant cette période. Ces types nous montrent tantôt la chute morale d’un intellectuel de notre temps, par exemple, Ivan Ilitch, les héros de la Sonate à Kreutzer, ceux de Résurrection ; tantôt ils représentent l’homme chez lequel s’est opérée déjà une transformation psychologique, par exemple Nekhludov, de Résurrection,