Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol1.djvu/267

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bre, Mimi était déjà installée près de la fenêtre, et avec une expression mystérieuse, officielle, regardait sévèrement dans la direction de la porte. Elle tenait à la main quelque chose enveloppé de papier. Je devinai que c’étaient les grains de plomb, et que déjà grand’mère savait tout.

Outre Mimi, dans la chambre de grand’mère il y avait encore la femme de chambre Gacha, qui, à en juger par son visage gonflé et rouge, était très émue, et le docteur Blumenthal, un petit homme grêlé, qui s’efforçait en vain de calmer Gacha et lui faisait, des yeux et de la tête, des signes mystérieux, pacificateurs.

Grand’mère, elle, était assise un peu en côté et faisait la patience, le voyageur, ce qui indiquait toujours une fort mauvaise disposition d’esprit.

— Comment allez-vous aujourd’hui, maman ? Avez-vous bien dormi ? — demanda papa en baisant respectueusement sa main.

— Très bien, mon cher ; vous n’ignorez pas, il me semble, que je me porte toujours tout à fait bien, — répondit grand’mère, sur le même ton que si la question de papa eût été tout à fait déplacée et offensante. — Quoi, voulez-vous me donner un mouchoir propre ? — continua-t-elle en s’adressant à Gacha.

— Je vous l’ai donné, — répondit Gacha, en montrant un mouchoir de batiste blanc comme la neige, qui était sur le bras du fauteuil.