Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol1.djvu/292

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remarqué ni mon absence, ni ma présence, expliquait à Volodia la leçon suivante. Quand, en finissant ses explications, il commença à plier le cahier et que Volodia sortit dans l’autre chambre pour apporter le cachet, il me vint en tête l’agréable pensée que tout était fini et qu’on m’oublierait. Mais tout à coup, le maître, avec un sourire à demi méchant, s’adressant à moi :

— J’espère que vous avez appris votre leçon — fit-il en se frottant les mains.

— Je l’ai apprise, — répondis-je.

— Veuillez me dire quelque chose de la croisade de saint Louis, — dit-il en se balançant sur la chaise et en regardant pensivement sous ses pieds. — D’abord, vous me parlerez des causes qui ont excité le roi de France à prendre la croix, — fit-il en soulevant les sourcils et en montrant du doigt l’encrier ; — ensuite, vous m’expliquerez les traits généraux caractéristiques de cette croisade, — ajouta-t-il, en faisant un mouvement de toute la main, comme pour attraper quelque chose, — et enfin, l’influence de cette expédition sur les États européens en général, — dit-il en frappant avec le cahier le côté gauche de la table — sur l’État français en particulier — conclut-il en frappant sur le côté droit de la table et en penchant la tête à droite.

J’avalai plusieurs fois ma salive, je toussotai, penchai la tête de côté et me tus. Ensuite, prenant