Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol1.djvu/353

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ensuite, rapidement, faisant un mouvement d’épaules, il se mit à marcher dans la chambre. Chaque fois qu’il s’approchait du piano, il s’arrêtait et longtemps fixait Lubotchka. À ses mouvements et à sa marche, je remarquai qu’il était ému. Traversant plusieurs fois le salon, il s’arrêta derrière la chaise de Lubotchka, baisa sa tête brune et ensuite, se tournant rapidement il reprit sa promenade. Quand Lubotchka, en finissant, s’approcha de lui et lui demanda :

— Est-ce bien ?

Silencieusement il lui prit la tête et se mit à embrasser son front et ses yeux avec une tendresse que je n’avais jamais vue en lui.

— Ah ! mon Dieu ! tu pleures ? — fit soudain Lubotchka en laissant tomber de ses mains la chaîne de sa montre, et en fixant sur lui de grands yeux étonnés. — Je te demande pardon, mon cher petit papa, j’ai oublié tout à fait que c’est le morceau de maman.

— Non, mon amie, joue-le plus souvent, — dit-il d’une voix tremblante d’émotion. — Si tu savais comme cela me fait du bien de pleurer avec toi…

Il l’embrassa encore une fois, et táchant de cacher son émotion, en secouant les épaules, il sortit par la porte qui, du couloir, conduisait à la chambre de Volodia.

— Voldemar ! es-tu bientôt prêt ? — cria-t-il en s’arrêtant au milieu du corridor. En ce moment