Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol1.djvu/55

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et en même temps une soumission qui semblait dire : j’ai raison, du reste je vous obéirai !

En nous apercevant, papa se borna à dire :

— Attendez, dans un instant.

Et d’un signe de tête, il montra la porte pour que l’un de nous la fermât.

— Bon Dieu, qu’as-tu aujourd’hui, Iakov ? — continua-t-il en parlant à l’intendant et en agitant les épaules (c’était son habitude). — Cette enveloppe avec 800 roubles…

Iakov approcha l’abaque, marqua 800 et fixa son regard sur un point indéfini, en attendant la suite.

— … pour les dépenses de l’exploitation en mon absence. Tu comprends ? Tu recevras 1.000 roubles du moulin… oui ou non ? Tu dois recevoir 8.000 pour les hypothèques du trésor ; quant au foin, selon ton propre calcul, on peut en vendre 7.000 pouds[1] — je compte quarante-cinq kopeks par poud — tu recevras 3.000 ; alors combien auras-tu en tout ?… 12.000, oui ou non ?

— Oui, certainement, — répondit Iakov.

Mais à la rapidité des doigts, je vis qu’il allait faire des objections ; papa ne lui en laissa pas le temps.

— Tiens, de cet argent tu enverras 10.000 au Conseil de Tutelle, pour la campagne Pétrovskoié. Maintenant tu m’apporteras l’argent qui est dans le bureau — continua papa (Iakov mêla sur

  1. Le poud vaut environ 16 kilogrammes.