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Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol27.djvu/120

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penser à ce qui hanterait son esprit pendant les nuits sans sommeil sur le poêle, et quel serait son désespoir s’il comprenait, qu’au moment où il avait la possibilité de faire le bien ou le mal, il n’a fait que le mal, alors qu’il savait en quoi consiste le bien ? Il ne pourrait que se repentir et se tourmenter en vain ; et ce tourment serait horrible.

— Alors, pourquoi vouloir le tourmenter ; pourquoi inquiéter la conscience d’un vieillard mourant, mieux vaut la calmer ? Pourquoi agacer le peuple, rappeler ce qui est passé ?

Passé ? Ce qui est passé ? Est-ce passé ce que non seulement nous n’avons pas commencé de détruire ou de guérir, mais ce que nous avons peur de nommer par son nom ? Une maladie grave peut-elle être passée par cela seul que nous disons qu’elle n’existe pas ? Elle n’est pas guérie et ne guérira jamais, tant que nous ne nous avouerons malades. Pour guérir la maladie, il faut d’abord la connaître, et c’est justement ce que nous ne faisons pas. Non seulement nous ne le faisons pas, mais nous faisons tous nos efforts pour ne pas la voir, pour ne pas la nommer. Et la maladie ne passe pas, elle se modifie seulement, elle pénètre plus profondément dans la chair, dans le sang, dans les os. La maladie consiste en ce que les hommes qui sont nés bons, doux, les hommes clairés par la vérité chrétienne, ceux qui ont dans