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Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol27.djvu/148

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— Non, dit le fils, vous avez assez travaillé, vous avez besoin de vous reposer et de ne pas vous tourmenter. Vous avez vécu soixante ans dans les mêmes habitudes, vous n’en pouvez pas changer maintenant. Ce serait vous tourmenter tout à fait en vain.

— Parfaitement, ajouta la mère. Si vous étiez dans le besoin, vous seriez de mauvaise humeur, mécontent, et vous commettriez encore plus de péchés. Dieu est miséricordieux et pardonne à tous les pécheurs, surtout à vous, un si bon oncle.

— À quoi bon t’inquiéter de cela ? ajouta un autre vieillard, du même âge que l’oncle. À toi comme à moi il ne reste peut-être que deux jours à vivre. Pourquoi recommencer toute une vie ?

— C’est extraordinaire ! fit un des auditeurs qui tout le temps s’était tu. C’est surprenant ! Nous disons tous qu’il est bien de vivre selon Dieu, que nous vivons mal, que nous souffrons du corps et de l’âme, et aussitôt qu’il est question d’agir voilà qu’on objecte qu’il ne faut pas bouleverser la vie des enfants, les élever selon Dieu, mais les élever selon les anciennes idées. Les jeunes gens ne doivent pas braver la volonté de leurs parents et ils ne doivent pas vivre selon Dieu, mais vivre comme autrefois. Les hommes mariés n’ont pas le droit de bouleverser la vie de leurs femmes et de leurs enfants et doivent vivre non selon Dieu mais vivre comme autrefois. Quant aux vieillards, il serait