Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol27.djvu/227

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grandis et fus élevé, je suis resté, et continue à vivre comme autrefois.

— C’est étrange, dit Pamphile, nous raisonnons d’une façon justement opposée. Nous disons : si les adultes vivent d’après les idées du monde ils sont excusables parce qu’ils ont été gâtés. Mais les enfants ? C’est horrible ! Vivre dans le monde ; les exposer continuellement à ses tentations. Malheur au monde à cause des scandales, car il est nécessaire qu’il arrive des scandales, mais malheur à l’homme par qui le scandale arrive ! Ce sont les paroles de notre Maître ; c’est pourquoi je les cite, et aussi parce qu’elles sont l’expression de la vérité, et non par esprit de contradiction. Il est vrai que la principale nécessité de vivre, comme nous le faisons tous, résulte en grand partie du fait qu’il y a parmi nous des enfants, des êtres dont il a été dit : Si vous ne changez pas et ne demeurez pas comme des enfants vous n’entrerez point dans le royaume des cieux.

— Mais comment une famille chrétienne peut-elle vivre, sans les ressources matérielles assurées pour se nourrir ?

— Suivant nous il n’y a qu’un moyen de subsistance : le travail au profit des autres inspiré par l’amour. Votre moyen, c’est la violence. Elle peut disparaître comme les richesses, et alors rien ne reste que le travail et l’amour des hommes. Nous considérons que c’est la base de tout, qu’il faut