Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol27.djvu/242

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l’un de l’autre, il détournait la tête et prenait un livre ou regardait à la portière.

Vers le soir, pendant un arrêt dans une grande gare, le monsieur nerveux descendit chercher de l’eau bouillante, et prépara du thé. Le monsieur aux bagages neufs, un avocat comme je l’appris dans la suite, descendit avec sa compagne, la dame au manteau mi-masculin qui fumait des cigarettes, et ils allèrent prendre le thé au buffet de la gare.

Pendant leur absence, de nouveaux voyageurs entrèrent dans le wagon ; l’un d’eux était un vieillard de haute taille, rasé, ridé, l’air d’un marchand, vêtu d’une pelisse de martre et coiffé d’une casquette à énorme visière. Ce marchand s’assit en face des places occupées par l’avocat et sa compagne et, tout de suite, lia conversation avec un jeune homme, probablement un employé de commerce, qui venait également de monter à cette station. J’étais assis presque en face d’eux, et comme le train était arrêté, je pouvais entendre quelques mots de leur conversation.

D’abord le marchand lui apprit qu’il se rendait dans sa propriété, à une station d’ici. Ensuite ils parlèrent du prix des marchandises, du commerce, en particulier du commerce de Moscou, puis de la foire de Nijni-Novgorod. Le commis parla de certains riches marchands qui faisaient la fête à la foire, mais le vieillard l’interrompant se mit à