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Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol27.djvu/251

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retenir les propos intelligents qu’il entendait, afin d’en faire son profit.

Pendant que la dame parlait, on entendit un son ressemblant à un rire interrompu ou à un sanglot. Nous étant retournés, nous aperçûmes notre voisin, le monsieur aux cheveux gris, aux yeux brillants, qui, pendant la conversation, évidemment intéressante pour lui, s’était rapproché sans que nous l’eussions remarqué. Il se tenait debout, la main appuyée sur la banquette. Il était ému : son visage était rouge, les muscles de ses joues tressaillaient.

— Quel est donc cet amour… l’amour… qui consacre le mariage ? dit-il en hésitant.

Voyant l’état d’émotion du voisin, la dame tâcha de lui répondre aussi doucement et substantiellement que possible.

— L’amour vrai… Si cet amour existe entre l’homme et la femme, le mariage est possible, dit-elle.

— Oui, mais que faut-il entendre par amour vrai ? reprit le monsieur aux yeux brillants, en souriant d’un air gauche et timide.

— Chacun sait ce que c’est que l’amour vrai, dit la dame, désirant évidemment mettre fin à cette conversation.

— Moi je ne le sais pas, dit le monsieur. Il faut définir ce que vous entendez par amour…

— Comment ? C’est très simple, fit la dame.