L’amour ? L’amour, c’est la préférence exclusive d’un seul ou d’une seule à tous les autres, dit-elle.
— Une préférence pour combien de temps : pour un mois, pour deux jours, pour une demi-heure ? demanda le monsieur aux cheveux gris, et il sourit.
— Non, permettez, vous ne parlez pas évidemment de la même chose.
— Pardon, absolument de la même.
— Madame dit, intervint l’avocat en indiquant la dame, que le mariage doit être d’abord le résultat d’un attachement, de l’amour, si vous voulez, et que si l’amour existe, et dans ce cas seulement, le mariage est quelque chose pour ainsi dire de sacré. Mais tout mariage qui n’a pas pour base un attachement naturel, l’amour si vous voulez, n’a en lui rien de moralement obligatoire. C’est bien cela, n’est-ce pas ? demanda-t-il à la dame.
La dame approuva d’un mouvement de tête cette traduction de sa pensée.
— Puis… reprit l’avocat, voulant continuer son discours. Mais le monsieur nerveux, dont les yeux maintenant flamboyaient, se contenant évidemment avec peine, sans laisser parler l’avocat, dit :
— Non, je parle absolument de la même chose, de la préférence d’un ou d’une à tous les autres ; mais je demande : une préférence pour combien de temps ?
— Pour combien de temps ? Pour longtemps.