Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol27.djvu/378

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XXVII

Je commençai d’abord par ôter mes bottes, et, en chaussettes, je m’approchai du mur, vers le divan, au-dessus duquel j’avais suspendu des armes à feu et des poignards. Je décrochai un poignard recourbé de Damas à la lame très aiguë, qui ne m’avait jamais servi. Je le tirai de sa gaîne. Je me rappelle que la gaîne glissa derrière le divan et que je me dis : « Il faudra la retrouver après, il ne faut pas qu’elle se perde. » Puis j’ôtai mon pardessus que j’avais gardé tout le temps et, à pas de loup, doucement, je me dirigeai là-bas. J’ouvris brusquement la porte. Je me souviens de l’expression de leurs visages lorsque j’ouvris la porte. Je m’en souviens parce qu’elle éveilla en moi une joie douloureuse. C’était une expression de terreur. Ce que je désirais. Jamais je n’oublierai cet effroi désespéré et soudain qui apparut sur