Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol27.djvu/410

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où il m’a conduit. J’étais effrayé de mes propres conclusions, je voulais n’y pas croire ; cela m’était impossible ; et, aussi contraires à toute l’organisation de notre vie que puissent paraître ces conclusions, aussi opposées qu’elles soient à ce que j’ai pensé auparavant et que j’ai même exprimé, j’ai été obligé de les admettre.


« Tout cela, ce sont des considérations générales qui sont peut-être justes, mais elles se rapportent à la doctrine du Christ et sont obligatoires pour tous ceux qui la pratiquent. Mais la vie est la vie, et on ne peut pas, en indiquant l’idéal inaccessible du Christ, laisser des hommes avec ce seul idéal et sans aucun guide, dans l’une des questions les plus générales, les plus brûlantes et qui produisent les plus grands maux.

« Un jeune homme passionné sera d’abord entraîné par l’idéal, mais ne résistera pas, succombera, et, ne reconnaissant aucune règle, s’adonnera à la complète débauche ».

Ainsi raisonne-t-on ordinairement.

« L’idéal du Christ est inaccessible, c’est pourquoi il ne peut nous servir de guide. On peut en parler, y rêver, mais il n’est pas applicable à la vie et il faut le laisser.

« Il ne nous faut pas un idéal mais une règle, un manuel qui soit à notre portée, proportionné aux forces morales de notre société : le mariage reli-