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Page:Tolstoï - A la recherche du bonheur.djvu/153

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— Eh bien ! prends la mesure.

Le pied du barine est si gros qu’il faut tailler une seconde feuille de papier, quoique la première soit déjà fort grande. Sémen prend la mesure de la semelle, du cou-de-pied, et se met à mesurer le mollet ; mais le papier n’en peut faire le tour : le mollet est gros comme une poutre. Tandis que Sémen prenait mesure, le barine dévisageait tout le monde. Il aperçut Mikhaïl.

— Eh ! qui est celui-là ? dit-il.

— Mais c’est mon ouvrier, celui qui fera les bottes, dit Sémen.

— Attention ! qu’elles me servent un an.

Sémen lève les yeux sur Mikhaïl, et s’aperçoit qu’il ne regarde même pas le barine, il regarde au-dessus, au-delà du barine, comme s’il voyait quelque chose. Il regardait, il regardait, Mikhaïl ; tout à coup il sourit avec sérénité.