Page:Tolstoï - A la recherche du bonheur.djvu/172

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homme qui passe, il ne pense qu’à ses besoins à lui, il ne saurait me secourir.

L’homme me vit, il fronça les sourcils, devint terrible et passa… Je désespérai. Soudain, je l’entendis revenir, je le regardai et je ne le reconnus plus : la mort avait été sur sa face, et à présent il était redevenu un vivant, et je vis l’image de Dieu sur ce visage. Il vint à moi, il me vêtit, il me prit par la main et m’amena chez lui. Sa femme était sur le seuil de l’isba, et elle parla ; la femme était plus terrible que l’homme, le souffle de la mort sortait de ses lèvres, le souffle mortel de ses paroles me coupa la respiration, je défaillais ; elle voulut me renvoyer au froid, à l’agonie, à la mort, et je compris qu’elle mourrait elle-même en me chassant. Tout à coup son mari lui parla de Dieu. Aussitôt la femme se transforma ; elle me fit manger, et comme elle me regardait, je levai aussi les yeux sur elle : la morte était