Page:Tolstoï - A la recherche du bonheur.djvu/203

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aussi, et le même sort attend vos enfants.

— Eh bien ! dit la cadette, c’est le métier qui l’exige. Mais par cela même notre vie est stable, quand nous avons des terres. Nous ne nous inclinons devant personne, nous ne craignons personne. Et vous, à la ville, vous êtes exposés à la tentation. Aujourd’hui, c’est bien ; mais demain viendra le diable qui tentera ton mari ou par les cartes, ou par le vin, ou par les maîtresses, et tout ira au pire. Avec cela que ça n’arrive pas ?

Pakhom, le mari, assis sur le poêle, écoutait le bavardage des babas.

— C’est la vérité vraie, dit-il. Quand nous autres nous remuons la terre nourricière, depuis notre enfance, nous ne songeons guère à des futilités. Le seul malheur, c’est d’avoir trop peu de terre. Mais si j’avais de la terre à volonté, alors je n’aurais peur de personne, pas même du diable.