Page:Tolstoï - A la recherche du bonheur.djvu/208

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à le payer en deux ans. Et Pakhom revint maître de la terre.

Il emprunta encore de l’argent à son beau-frère pour acheter des grains. Il ensemença la terre qu’il venait d’acquérir, et tout poussa bien. En une seule année, il paya sa dette à la barinia et au beau-frère. Et il devint ainsi, lui, Pakhom, un vrai pomeschtchik[1]. C’était sa terre qu’il labourait et ensemençait, c’était sur sa terre qu’il coupait le foin, sur sa terre qu’il élevait son bétail, c’étaient les pieux de sa terre qu’il taillait.

Quand Pakhom va labourer sa terre à lui, quand il vient voir pousser son blé et ses prairies, il est transporté de joie. Et l’herbe lui parait tout autre, et les fleurs lui fleurissent tout autres. Il lui semblait jadis, quand il passait sur cette terre, qu’elle était ce qu’une terre

  1. Seigneur, maître du sol.