Page:Tolstoï - A la recherche du bonheur.djvu/212

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Et le bruit courut en ce moment que le peuple émigrait.

— Ah ! moi, pensa Pakhom, je n’ai pas besoin de quitter ma terre ; mais si quelques-uns des nôtres s’en allaient, nous aurions ici plus de place. Je prendrais leur terre pour moi, je l’ajouterais à ma terre et je vivrais mieux, car je me sens toujours trop à l’étroit ici.

Un jour que Pakhom était à la maison, un passant, un moujik, entre chez lui. On le laisse passer la nuit, on lui donne à manger, puis on lui demande où Dieu le conduit. Il répond, le moujik, qu’il vient d’en bas, de la Volga, qu’il y a travaillé. De parole en parole, le moujik raconte comment le peuple y a émigré. Les siens s’y sont établis, se sont inscrits à la commune, et on leur a distribué dix déciatines pour chaque âme.

— Et la terre y est telle que, lorsqu’on a semé du seigle, les épis y viennent si hauts