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Page:Tolstoï - A la recherche du bonheur.djvu/213

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et si drus, qu’on ne voit plus les chevaux. Cinq poignées d’épis, et voilà une gerbe. Un moujik tout à fait pauvre, venu avec ses bras tout nus, laboure maintenant cinquante déciatines de froment. L’année dernière, il a vendu son froment seul cinq mille roubles.

Et Pakhom pensait, le cœur enflammé :

— Pourquoi alors demeurer ici à l’étroit, quand on peut bien vivre ailleurs ? Je vendrai terre et maison, et avec l’argent je bâtirai là-bas, et m’y établirai. Tandis qu’ici, à l’étroit, demeurer est un péché. Il faut seulement que j’aille me renseigner en personne.

Vers l’été, il se prépara et partit. Jusqu’à Samara, il descendit la Volga sur un bateau à vapeur ; puis il fit quatre cents verstes à pied. Il arriva au but. C’était bien cela.

Les moujiks y vivent à l’aise. La commune, très hospitalière, donne à chaque âme dix déciatines. Et qui vient avec de l’argent peut,