Page:Tolstoï - A la recherche du bonheur.djvu/238

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court, Pakhom ; la sueur colle sur sa peau, chemise et caleçon ; sa bouche est sèche. Sa poitrine se soulève comme un soufflet de forge ; son cœur bat comme un marteau, et il ne sent plus ses pieds. Il fléchit. Pakhom ne pense plus maintenant à la terre, il ne songe qu’à ne pas mourir d’épuisement. Il a peur de mourir, mais il ne peut s’arrêter.

— J’ai déjà tant couru, pensait-il ; si je m’arrête à présent, on me traitera de sot.

Il entend les Baschkirs siffler, crier : à ces cris, son cœur s’enflamme encore davantage.

Pakhom use à courir ses dernières forces, et le soleil semble se précipiter exprès. Et le but n’est plus bien loin. Pakhom voit déjà le monde sur la colline ! on lui fait de la main signe de se presser. Il voit aussi le bonnet par terre, avec l’argent, il voit le starschina assis par terre, et se tenant le ventre à deux mains ; et Pakhom se rappelle son rêve.