Page:Tolstoï - A la recherche du bonheur.djvu/53

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va-t-en alors d’ici, et ne viens jamais ; ne me trouble pas, et n’effraye pas ceux qui viennent. Et si tu ne m’écoutes pas, Dieu te punira.

Le brigand se mit à rire.

— Je ne crains pas Dieu, dit-il, et toi, je ne t’obéis pas. Tu n’es pas mon maître. Toi, dit-il, tu te nourris de ta piété, et moi, je me nourris de brigandage. Tout le monde doit se nourrir. Enseigne aux babas qui viennent chez toi ; moi, je n’ai pas besoin d’être enseigné. Et puisque tu m’as rappelé Dieu, je tuerai demain deux hommes de plus ; je te tuerais aussi tout de suite, mais je ne veux pas me salir les mains ; et dorénavant ne te trouve pas sur mon chemin.

Ayant ainsi menacé, le brigand s’en alla.

Depuis, le filleul craignait le brigand. Mais le brigand ne passait plus, et le filleul vivait tranquillement.