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Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 1.djvu/553

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— J’en ai donné et j’en donne encore, mais nous avons une maîtresse excellente.

— Non merci, je ne prendrai plus de thé ; j’entends là-bas une conversation qui m’intéresse beaucoup », dit Levine se sentant impoli, mais incapable de continuer la conversation.

Et il se leva en rougissant.

Le maître de la maison causait à un bout de la table avec deux propriétaires ; ses yeux noirs et brillants étaient fixés sur un homme à moustaches grises, qui l’amusait de ses plaintes contre les paysans. Swiagesky paraissait avoir une réponse toute prête aux lamentations comiques du bonhomme, et pouvoir d’un mot les réduire en poudre, si sa position officielle ne l’eût obligé à des ménagements.

Le vieux propriétaire, campagnard encroûté et agronome passionné, était visiblement un adversaire convaincu de l’émancipation ; cela se lisait dans la forme de ses vêtements démodés, dans la façon dont il portait sa redingote, dans ses sourcils froncés et sa manière de parler sur un ton d’autorité étudiée ; il joignait à ses paroles des gestes impérieux de ses grandes belles mains hâlées et ornées d’un vieil anneau de mariage.


XXVII


« N’était l’argent dépensé et le mal qu’on s’est donné, mieux vaudrait abandonner ses terres, et s’en aller, comme Nicolas Ivanitch, entendre la