Page:Tolstoï - Au Caucase.djvu/32

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
22
AU CAUCASE

— Mais oui, c’est pour cela qu’il est si ravi, dit le capitaine en hochant la tête d’un air de philosophie. Ô jeunesse !

— Et pourquoi ne serait-il pas ravi ? Je conçois qu’un jeune officier trouve cela très intéressant.

Le capitaine garda le silence pendant deux minutes.

— Eh bien ! c’est ce que je dis… la jeunesse ! reprit-il avec une voix de basse. Pourquoi se réjouir avant d’avoir rien vu ? Voilà : quand il aura assisté à quelques engagements, il ne sera plus tant ravi que cela. Nous sommes, par exemple, en ce moment une vingtaine d’officiers en marche. Quelqu’un de nous sera tué ou blessé, cela est sûr : aujourd’hui moi, demain lui, après-demain un troisième. Qu’y a-t-il donc de si réjouissant ?